Il paraît que l’échec est le meilleur professeur. Avouons-le : ce n’est pas exactement ce qu’on a envie d’entendre quand on vient de trébucher pour la énième fois. Et pourtant… Comme le rappelle Charles Pépin dans Les vertus de l’échec, c’est bien parce que nous échouons que nous avançons. Nous sommes humains, donc imparfaits, donc faillibles. Et, bonne nouvelle : c’est précisément ce qui nous rend libres. Libres d’essayer, de nous tromper, de corriger, de recommencer – et parfois même d’échouer un peu mieux que la fois d’avant (merci Beckett pour la formule).
L’échec, ce mal nécessaire
Apprendre sans erreur ? Illusion. L’échec, en réalité, n’est pas une option : il est la condition même de l’apprentissage. Mais attention : ce qui fait mal, ce n’est pas tant l’échec que la manière dont nous le vivons. Une culture de l’erreur nous protège de ce sentiment écrasant qu’est “l’échec avec un grand E”. Après tout, l’adage est clair : l’erreur est humaine… la reproduire est diabolique.
L’échec, bien accueilli, nous rend plus humbles. L’humilité, à son tour, ouvre la porte de la sagesse. Et c’est cette sagesse qui nous rend disponibles à autre chose, parfois à mieux.
De la philosophie à la psychanalyse : quand l’échec nous parle
Les stoïciens, de Marc Aurèle à Épictète, nous rappellent que le réel est têtu. Ce qui ne dépend pas de nous, inutile de vouloir le changer. En revanche, accepter nos limites, voilà une vraie victoire.
Et si nos erreurs répétaient inlassablement un message caché ? La psychanalyse le suggère. Freud, Lacan et consorts nous disent que nos actes manqués sont des discours réussis. Autrement dit : si nous échouons, peut-être est-ce l’inconscient qui frappe à la porte. Encore faut-il avoir le courage d’ouvrir.
Oser l’échec : la condition de toute réussite
Ne nous y trompons pas : toutes les grandes réussites naissent d’un risque. Et qui dit risque dit possibilité de se tromper. Ne pas oser par peur d’échouer, c’est finalement échouer à vivre.
Charles Pépin propose quatre axes pour apprivoiser ce vertige :
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Renforcer nos compétences (eh oui, un minimum de préparation aide).
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Admirer l’audace des autres (cela dédramatise la nôtre).
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Éviter le perfectionnisme (les perfectionnistes finissent souvent frustrés).
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Se souvenir qu’un échec sans audace fait plus mal qu’un échec après avoir osé.
Le véritable enjeu : notre aventure humaine
Au fond, une connaissance n’a de valeur que si elle change quelque chose dans notre vie. La question n’est pas : “que sais-je ?”, mais “qu’allons-nous faire de ce que nous savons ?”.
Réussir, ce n’est pas cocher toutes les cases d’un idéal. C’est rester fidèle à cette aventure humaine qui nous relie tous : progresser, essayer, trébucher parfois, mais continuer. Parce qu’une vie réussie n’est jamais une vie parfaite. C’est une vie questionnée, vivante, osée.
✍️ Marie-Hélène, biographe.
Parce que les récits de vie, eux aussi, connaissent des détours, des ratés et des recommencements. Et c’est ce qui les rend précieux.
